• Video C1 La fin du salariat ?

    "L'uberisation de l'économie" est  une expression trop restrictive, celle de 'Economie de plateformes" lui est préférable car elle permet de  mieux appréhender les deux aspects paradoxaux de ce stade de la révolution numérique..

    Côté sombre. L'uberisation concrétise le retour des petits boulots, le rêve capitaliste d'entreprises sans usines et des usines sans travailleurs... Une économie faite de travailleurs indépendants... Uber, une entreprise qui se ramène à un logiciel, pas de voitures, pas ou très peu de salariers. Laboratoire d'un nouveau modèle social alternatif au modèle salarial mais en réalité neosalariat, Sous couvert de contrat de service, la nature de la relation revêt tous les critères du salariat, sans le droit du travail : obligations de services (contrat), obligations d'horaires (contrat) notation (par les utilisateurs clients) et même exclusion (par la plate forme cad licenciement ) si manque de qualité. De plus la plateforme capte du travail gratuit (Digital labor), à savoir la notation par les clients et les données multiples laissées par les utilisateurs pour profiler l'offre.

    Le numérique et spécialement l'uberisation, engendrent la réduction des coûts de transactions et des coûts de production par la mise en concurrence généralisée.  Cette uberisation ne résoudra cependant pas le chômage même si elle remet en cause des rentes (ex Taxis). Elle déplace simplement de l'emploi salarier vers de l'emploi indépendant..  La rémunération est toujours négociée au plus bas et de manière précaire. Les risques d'activités sont transmis aux  "travailleurs uber" qui doivent de plus souscrire, si  ils le peuvent, leur propre contrat d'assurance sociale, (ex en France le RSI).

    L'uber économie est peu citoyenne. La plateforme par optimisation fiscale et  recours aux paradis fiscaux  echappe à l'impôt et beaucoup des "travailleurs uber" oublient de déclarer leur revenu. 

    L'uberéconomie ne modifie pas le modèle consumériste, ne crée pas de nouveaux produits, elle se contente de recycler  la sociéte de consommation. Elle ne peut donc pas créer de croissance. L'uberisation remet  en cause de manière radicale le rapport salarial du modèle fordiste. elle  transfert le risque aux "travailleurs uber", détruit le collectif de travail et capte la valeur. Elle  s'inscrit parfaitement dans la doctrine néolibérale. Ainsi l''ubérisation accentue la distorsion  du  partage de la valeur au profit de  l'actionnaire, pas vraiement à l'avantage du client mais certainement au détrimant du travailleur "indépendant" prestataire de service, de l'Etat et  les régimes sociaux.

    La révolution numérique boulverse aussi l'organisation des entreprises. Les rapports au travail sont plus tendus, plus desincarnés. On constate une perte de sens due à une prolétarisation généralisée: le savoir est incorporé dans la machine au détrimant du travailleur, le métier disparait au profit de l'emploi automatisé.

    De manière plus globale le numérique conduit à l'automatisation de la société. De nombreuses études sérieuses prévoient d'ici à 2025 que 42% à 47% des emplois seront automatisés. Que faire pour cette masse de population qui risque de se trouver privée d'emploi ?

     

    Côté plus attrayant. L' économie des plateformes peut être la chance de l'économie sociale et solidaire ou de ce que certains appellent  l'économie contributive. Génératrice d'un nouveau modèle elle peut  apporter un supplément d'âme dans les relations entre les utilisateurs. Elle peut aussi être particulièrement innovante dans les manière de produire et de consommer. Paradoxalement les entreprises peuvent aussi se saisir de cette révolution pour enrichir les taches, donner de l'autonomie et du savoir aux travailleurs. Reconstituer des collectifs apprenants et donc créatifs peut redevenir un projet d'émancipation. L'entreprise peut  redevenir attrayante.La question est de savoir qu"elle est son but et qui en est propriétaire pour définir cette stratégie ?

    Si cette économie peut permettre de recréer du lien elle pose cependant trois types de problèmes. Comment gérer le déplacement de l'emploi vers l'activité? Est ce que l'automatisation de  la sociéte va détruire l'activité humaine ? comment partager la valeur crée ? .

    Un nouveau modèle social ? Contre la précarisation des statuts du modèle uber la société réagit. Uber pop a été interdit d'exercice en France. En Californie les contrats de service risquent d'être réqualifiés en contrat de travail.  Plusieurs propositions de loi sont sur la table pour fiscaliser les revenus tirés de l'uber économie. Les montages de défiscalisation et l'usage des paradis fiscaux,deviennent plus périlleux de part les accords qui ont été signés en matière de transmission de données fiscales entre administrations Le repporting fiscal par pays (dont l'amendement a été refusé par le gouvernement Valls) pourrait remmettre en cause le privilège exorbitant d'absence d'imposition fiscale légitime des acteurs majeurs de l'économie du numérique, les GAFA, (Google/Amazon/FaceBook/Apple) et autres . L'Etat n'est donc pas démunis.

    Une vérité à rappeler ; le salariat reste actuellement le statut largement dominant de la population active. Mais si l'automatisation de la société , l'automatisation des emplois, l' uberisation, poussent une partie toujours plus importante hors de ce statut,  il faudra trouver un autre modèle pour que cette population retrouve une existence sociale. Plusieurs propositions sont en disccution, le Revenu de Base Universel, le Revenu d'Existence, le Revenu Contributif, le Salaire à Vie... Des dispositifs ont été votés, comme le CPA, (Compte Personnel d'Activité) et l'expérimentation sur la base de la proposition d'ATD1/4Monde de rémunérer les chomeurs de longue durée.

    Les ressouces de ces nouveaux dispostifs pourraient provenir de la lutte contre l'évasion fiscale, de la taxation des transactions financières (pour financer le revenu d'existence par exemple)  ou de la socialisation des grands outils de production ou ... 

     

    Conclusion Les nouvelles générations sont séduites par l'autonomie apparente que procure ces nouvelles technologies,. Elles ne mesurent  pas à leur juste valeur leurs effets déstructurants.  L'individualisme exacerbé ainsi mis en avant produit un handicapé social,. Le réveil risque alors d''être douloureux.

    Une partie de la population, déqualifiée est donc disqualifiée pour participer à la création de la richesse de la nation. La révolution numérique, l'ubérisation, l'économie des plateformes, créent incontestablement de l'insécurité. En perte de repaire, fragilisée, consciente de sa situation, cette partie de la population  retrouve l'instinct grégaire du repli sur les valeurs du passé, du territoire, de l'entre-soi et la recherche du bouc émissaire réapparé mécaniquement pour expurger l'angoisse de l'exclusion. Il faut bien trouver un responsalbe. Le Fn engrange.

    C'est ici que la réponse républicaine ne doit pas être un simple posture. L'écosocialisme doit être un espoir, la construction d'un nouveau modèle social une exigence, la 6éme République une nécéssité.

    Repolitiser la société par l'exigence du débat argumenté ! Une révolution citoyenne à froid avant que les blessures ne deviennent top vives.

    MC 

     Voir ci-dessous la video

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    Un monde où l'ouvrier sera une figure du passé (D Cohen) .....


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